Il y aura finalement eu une bonne idée dans cette saison. Plus exactement une bonne idée dans ce final : le TOUT DERNIER plan de trente secondes, ou comment la série fait le choix, comme beaucoup d'autres, de toujours dépeindre notre société comme un cycle ininterrompu (et inarrêtable) de jeux de pouvoir et de manipulations. Ally qui poursuit le culte de SCUM et de Valérie Solanas est en effet la fin la plus glauque possible, et tant mieux : ça fait un choix marquant et sensé de cette saison. Au fond, Ally n'aura donc jamais réchappé au culte.

Tout le reste est à l'image de la deuxième moitié de saison et de la saison dans sa globalité : bidon à mort.

Dommage que la saison s'en arrête tout simplement là sans aller plus loin. Ces événements auraient dû survenir beaucoup plus tôt et mettre fin aux errances et à l'écriture horrible de la saison, entre références à des leaders de cultes connus, gore et meurtres sans aucun sens ou encore rebondissements artificiels (ça a servi à quoi Bandwagon à part faire un cliff mensonger pour teaser un final qui manquait d'éléments à teaser ?)

On a donc dans les 5 dernières minutes, quand Ally confronte Kai avant d'aller border Oz, une vraie idée. Et une vraie tentative de s'écarter du "manichéisme" (qu'on nous déguise) cliché et brouillon de la saison.

Mais même en faisant abstraction de tout le propos et de la morale, d'un point de vue divertissement, c'est comme le reste de la saison : ultra pété, mal foutu, avec une absence de conséquences incompréhensible sur beaucoup de points du scénario.

Le fait que le FBI "ait toujours eu des soupçons sur Kai depuis l'isolement d'Ally", est une énorme farce. La série a délibérément caché ce twist majeur de l'écran, causant un gros trou dans la timeline d'Ally pendant cinq épisodes, réduisant à néant tout enjeu.

L'inversion des rôles entre Ally et Kai qui a été tout au long de la saison ultra prévisible, a fini par faire perdre tout ce qui était intéressant chez ces personnages... surtout Kai.

Soyons honnête, Kai est passé d'un leader charismatique ambigu aux motivations peu claires mais au moins intrigantes, à un fucking trump-boy capricieux qui hait les femmes et veut du pouvoir. C'est tellement dommage. Afin de montrer la chute de Kai et l'ascension d'Ally, ils ont choisi de le décrédibiliser. Ce n'est pas comme ça que ça marche en politique et ce n'est pas comme ça que ça marche en fiction.

Je ne comprends pas la démarche d'un point de vue politique américaine. Les conservateurs américains ne verront qu'un portrait grossi, caricatural, irréaliste en Kai, et un forcing extrême pour faire "passer des idées woke" chez Ally. Les démocrates verront la même chose : une caricature grossière qui ne dit rien, absolument rien sur le système (pourtant éclaté au sol) américain. Les a-politiques ou les "jm'en fous" aimeront peut-être la saison, tant mieux, ça fait déjà ça. Mais quitte à faire un thème politique, autant que ça soit de qualité et vraiment ""réaliste"".

Aussi, tout est si ultra prévisible. J'avais imaginé cette fin "Ally entre en politique pour contrecarrer Kai" dès les premiers épisodes. Je pensais juste que cela arriverait plus tôt. Et on a tous vu venir le coup de la surveillante de prison (à ajouter à la liste des figurants de la saison encore plus importants que le cast principal) qui jouait un double-jeu, ce qui est le "climax" de saison.

Quelle horreur ce personnage. Tellement de choses ne vont pas dans ce retournement de situation. Comment l'expliquer simplement...

En gros on passe toute une saison à te montrer que Kai peut littéralement hacker les cerveaux des personnes en 3 minutes avec eux et en exerçant un pouvoir d'influence quasi magique. C'est déjà nul et ultra discutable comme concept, car ce n'est pas comme ça qu'un leader de culte fonctionne et on est passé à côté d'un vrai propos d'horreur intéressant sur la manipulation (Unbreakable Kimmy Schmidt te fait ça mieux alors que c'est une sitcom très perfectible).

Mais au bout de 11 épisodes, on était habitué : oui, ok, Kai est limite magique voire divin, et même s'il en devient presque une parodie parfois, et qu'il perd beaucoup en sa superbe, il a toujours des disciples avec lui. C'est donc fixé dans le marbre, ça.

Qu'Ally parvienne à retourner cette surveillante de prison (comment a-t-elle su qui elle était ? bref...) au détour de 3 arguments éclatées et tout aussi manipulateurs, est un énorme foutage de gueule. D'un épisode sur l'autre cette saison, les personnages changeaient d'avis sans raison, ou avaient des illuminations de bon sens, faisant passer leur naïveté d'avant pour de la pure stupidité (scénaristique). Ici c'est pareil, mais d'une scène sur une autre, au sein d'un même épisode. C'est consternant.

Ce twist éclaté suivi de Kai qui se ridiculise face à Ally en live et le clin d’œil de cette dernière à la surveillante de prison, est le passage le plus cringe de l'histoire dans AHS.

Absolument tout est pété dans le plan de Kai pour s'échapper de prison. Absolument rien n'a de sens dans la confrontation finale en live. C'est dommage car symboliquement c'est assez cool (comment une femme parvient à humilier un homme qui la restreignait dans une image de victime et complète ainsi son émancipation).

Mais ça dure 30 secondes. C'est ultra prévisible encore une fois. Ça n'amène à rien d'intéressant.

Pour une saison qui se veut réaliste, l'écriture se veut tellement irréaliste qu'elle est foirée sur tous les plans.

Dernier point justement sur la politique : il est faux et même dangereux de montrer qu'une femme aussi "féministe" en apparence qu'Ally pourrait faire un tel score au Michigan en 2018, voire même "récolter 80% des votes des femmes". Je ne sais pas si Ryan Murphy dresse ici son monde idéal et montre comment le changement peut venir, ou s'il idolâtre au contraire cette fantaisie. Mais dans tous les cas et pour n'importe quelle couleur politique d'un spectateur : sa démarche est néfaste et vaine. Tu avais 1000 façons de dépeindre les vrais problèmes sociétaux aux Etats-Unis. Je ne sais pas où se déroule la série, mais ce n'est pas aux Etats-Unis.

Pour revenir à des choses plus "cartésiennes" sur la série : c'est aussi le final le moins satisfaisant de tous.

Beverly qui assassine Kai en direct sans que l'on sache ce qu'il advient d'elle ensuite, c'est un énorme FUCK à l'audience. La série a toujours excellé dans ces finaux, donnant la sensation d'avoir eu une histoire complète et entièrement bouclée. Ici, c'est presque une nouvelle histoire qui démarre. Disons au moins que cela distingue cette saison atypique car """""réaliste"""""" (j'ajoute de plus en plus de guillemets au fur et à mesure des débilités scénaristiques), mais ce n'est pas une excuse pour laisser en suspend des choses si béantes.

Quand la simple mention de Lana Winters a suffit à m'exciter plus que tout le reste de la saison, c'est qu'il y a un problème. Ça m'a surtout rappelé à quel point Ryan Murphy ne comprend pas que la meilleure carte à jouer pour faire ressortir AHS du lot c'était pas de devenir une série """"politisée"""" (alors qu'elle l'était déjà) ratée, mais de capitaliser sur le multivers des saisons de AHS et les références potentiellement débordantes à faire. Je comprends l'idée de vouloir réussir à faire une saison "comme dans le temps", classique, mais encore faudrait-il que ce soit réussi.

Bref, un final horrible qui ne contient qu'une bonne scène de 2 minutes à la fin. Inutile de dire que cela ne suffit pas à compenser pour l'innommable foutoir (il n'y a juste pas d'autres mots) qu'a été AHS cette année.

Ah c'est sûr on a retrouvé le générique ("un" générique), mais on a perdu tout le reste.

Une fin de saison horrible pour une saison horrible qui a eu, genre, 4 bons épisodes au début, portés par quelques messages sur la peur et un ton décalé qui convenait bien à la saison (Meadow <3), avant de basculer vers un simulacre incohérent d'un épisode à un autre, caricatural par erreur et déconnecté de toute réalité alors que les messages se voulaient de plus en plus écouter.

Un non-sens honteux, que je préfère oublier quand je pense à AHS.